Je suis de la génération qui a construit la fin de la dictature militaire, avec la campagne pour l´Amnistie des prisonniers et exilés politiques et pour des élections presidentielles directes (Diretas Já) dans les annés 1970 et 1980. Ensuite, cette génération es t descendue dans la  rue à la recherche d'éthique dans la politique, demandant  la destitution du président, playboy corrompu, Fernando Collor. Par conséquent, je ne pouvais pas ne pas m´emouvoir devant le spectacle de la pauvreté politique que j´ai vu  à la télévision ce 17 avril, bien que le résultat ne soit pas définitif (car il y a encore le vote au Sénat). Ce triste spectacle illustre le moment politique que nous vivons.

En 1992, lors du impeachement de Collor, nous avons eu une campagne dans les rues menée par les mouvements sociaux, les mêmes qui avaient renversé la dictature, et des gens honorables au parlement qui dirigeaient le processus pro-impeachment. Maintenant, je n´ai vu que  la face cyniquement maladive d´Eduardo Cunha, le portrait parfait du politique mafieux, en tant que président de la cour. Au lieu d'écouter des discours émouvants de députés qui ont honoré à l´époque leur vie dédiée au Brésil, j'ai entendu des déclarations en colère et / ou fascistes, à côté d´autres, infantines, du genre "j´embrasse maman et papa qui me regardent à la télé."  Ceux qui ont voté pensant véritablement défendre le pays de la corruption étaient probablement gênés d'être en telle compagnie.

Au lieu de voir, comme en 1984 et en 1992, une population enthousiaste des progrès démocratiques réalisés dans le  pays et unie dans la défense du Brésil, on  a vu une division cruelle d´une partie de la société brésilienne, manipulée par les partis politiques et les médias qui imposent leurs vues au lieu d'informer. Ce jour 17 Avril 2016 sera inoubliable, car il a révelé la dégradation du processus politique démocratique et sa transformation en un spectacle mediatique sans respect de la Constitution.  Tout le monde sait que l´inculpation de « crime de responsabilité » de la présidente qui est en cours d'ouverture n´est lié à aucune affaire de corruption, mais plutôt à une manipulation « bureaucratique »,  assez courante, du budget de l´Etat. Mais presque aucun député a cité cette question dans son vote, comme si le procès était un autre. Ce qui était effectivement le cas, c´est ce qui est contraire à la Constitution.

Eh bien, seulement le remède peut être pire que le mal! Si la mise en accusation se confirme, nous aurons le ténébreux Temer  (le vice président du corrompu PMDB)  comme gouverneur du pays, et  les choses pourront empirer encore en termes de précarité politique. Temer peut aussi être révoqué par la Cour Suprême et alors ce sera Eduardo Cunha qui sera le président (Argh!). Si nous avons la chance que Cunha soit mis en accusation par la Chambre (une enquête est en cours), la vacance sera remplie par Renan Calheiros (également en examen)! Et si ce dernier est destitué par le Sénat pour corruption, il peut à son tour être remplacé par Gilmar Mendes , qui a défendu la mise en accusation de Collor et qui est le juge de la haine et non de la tempérance! Cette perspective hideuse avance. Il ne reste plus qu'à prier : Dilma Reste! Le PT et son gouvernement ont fait des erreurs sérieuses, se sont  acoquinés avec des gens malsains et ont consommé leurs propres méfaits, mais la biographie de Dilma est mille fois plus décente que celle de ces messieurs.

Comment trouver l´espoir au mileu de tant de tristesse? Justement, dans le fait que la politique partisane est tellement dégradée que la société civile est en train d´inventer de nouveaux modèles politiques. Des modèles horizontaux sont en train de naître au Brésil et dans le monde. Ces modèles  prévoient un  contrôle par la société civile à chaque étape des processus politiques ; ils séparent la politique du pouvoir économique, refusent le carrièrisme politique, ont un fort ancrage local, favorisent la confiance  interpersonnelle et la responsabilité collective. Les innovations sont toujours invisibles au début, mais la population brésilienne, indépendemment de sa couleur polique, aspire à une vie politique plus saine. C´est cela qui nous unit et qui va nous faire évoluer vers une réforme politique profonde.

L´espoir vient aussi du fait que les millions de brésiliens qui avons construit la démocratie sommes vigilants, qu´une grande partie d´entre nous a évolué dans ses pratiques politiques vers une plus grande co-responsabilité. Nous voulons voir le Brésil évoluer dans ce sens, comme sont en train de le faire d´autres pays depuis peu.  Nous avons déjà fait de profondes transformations dans ce pays et nous continuerons à en faire,  cette fois-ci avec  l´aide des jeunes générations , celles de nos enfants. Ils sont immergés dans les réseaux horizontaux et n´ont pas besoin de mentir à la maison, aussi ils ne tolèrent pas cette politique- là et exigent que les gens soient cohérents dans leurs faits et leurs paroles. Le futur leur appartient et nous les aiderons à le construire, sans permettre des reculades.

Voir quelques articles dans la presse internationale.

1 - New York Times: http://www.nytimes.com/…/dilma-rousseff-targeted-in-brazil-…

2 - El País: http://brasil.elpais.com/…/linha-sucessoria-de-dilma-rouss…/

3 - Der Spiegel: http://www.spiegel.de/…/brasilien-hexenjagd-auf-lula-ein-ka…

4 - The Independent: http://www.independent.co.uk/…/brazils-political-process-da…

5 - Le Monde: http://www.lemonde.fr/…/bresil-michel-temer-voit-son-heure-…

6 - Forbes: http://www.forbes.com/…/why-impeaching-brazils-president-di…